Interview du réalisateur et créateur sonore Antoine Richard en résidence à MA scène nationale 

du 4 au 9 janvier.


Vous inaugurez un nouveau cycle de résidence pour MA qui est celui de la création pour Radio MA Pouvez-vous vous présenter ? 

 

Je suis à la fois réalisateur radio, créateur sonore et je travaille aussi pour le spectacle vivant. Je conçois et réalise des bandes son pour le théâtre et la danse principalement. Je suis à Montbéliard à l’invitation de MA scène nationale pour réaliser une pièce sonore. C’est la seconde fois que je viens ici.


Avec quel projet étiez-vous venu à MA ?

 

Je suis venu en 2017 avec l’autrice et metteuse en scène Charlotte Lagrange qui m’avait invité à venir travailler sur un projet sonore avec les élèves d’UPE2A. Nous sommes venus cinq ou six fois à Montbéliard, pour construire avec les élèves une pièce hybride entre fiction et poésie autour des langues. Les classes d’UPE2A ce sont des élèves qui viennent de partout avec une trentaine de langues parlées pour une vingtaine d’élèves. Cette pièce s’appelait Sédiments.


Que pensez-vous de Radio MA ? 


Je pourrais en parler longtemps. C’est un beau projet parce que l’art sonore n’est pas souvent représenté et diffusé. Voir une structure publique comme une scène nationale en produire et soutenir les auteurs, c’est évidemment une très bonne nouvelle. Aujourd’hui, la radio publique favorise la production en interne, les circuits de production disparaissent et je note avec plaisir que les théâtres s’en emparent. MA scène nationale est la première à monter quelque chose d’aussi sérieux et dense. Il y a aussi d’autres initiatives dans d’autres théâtres qui naissent, en tant que professionnel radio je suis heureux de voir ça.

 

Quel est votre projet pour cette résidence à Montbéliard?


Mon projet est en construction, ce que je vais en dire ne sera peut-être pas le projet final. Je travaille depuis dix ans principalement pour la fiction à destination de la radio, mais je fais aussi des documentaires et j’avais envie de travailler une forme poétique à cheval entre le documentaire et quelque chose de science fictionnel, fantastique. Je ne connais pas Montbéliard, c’est particulier de venir chercher des choses dans une ville que l’on ne connait pas. Souvent on est à l’origine des créations parce qu’on a un coup de cœur sur les projets que l’on a envie de traiter, ici je suis en mode recherche. Deux phénomènes m’ont intéressé comme point d’entrée. Historiquement des rivières ont été enfouies à Montbéliard, la Lizaine et la Schliffe et un autre bras de la Lizaine qui a été recouvert. Cet acte de recouvrir l’eau, de la cacher ou de la déplacer est quelque chose qui métaphoriquement m’intéresse et me parle beaucoup. Par extension, cela me pousse à m’intéresser à tout ce qui est enfoui sous Montbéliard pas tant d’un point de vue archéologique que métaphorique, je suis à la recherche d’histoires et de récits de choses qui auraient pu être cachées, enterrées. Je viens de passer un temps à visiter les anciens tracés des rivières à Montbéliard, je sais qu’il y en a certains qu’on peut visiter carrément du dessous. Je vais aller à la rencontre de gens qui auraient des histoires invisibilisées sociologiquement ou historiquement.


Quelle forme prendra votre création ?

 

Il y a une double commande de la part de MA, une première forme sonore assez classique qui pourrait être radiodiffusée et l’envie d’avoir une forme spatialisée, soit donnée à entendre de manière performée ou une installation dans la ville.


Quand allons-nous la découvrir ?


Si tout va bien et tout ira bien en décembre 21.


Montbéliard, le 7 janvier.