Si le flamenco est souvent résumé aux gestuelles festives et bouillonnantes, il s’avère pourtant qu’une source plus ancienne aux origines méconnues, le cante jondo – un « chant profond » (littéralement) – partage des accents beaucoup plus tragiques, où il est question de labeur, de labour, de détresse, de fièvre et de fureur. Luz Arcas a puisé dans cet univers brut pour créer une pièce singulière, d’une intensité quasi palpable. Le corps entravé de liens de cuir, de selles de bât, de couvertures tissées, elle incarne avec passion la jument, le cabri que les paysans protègent et maltraitent à la fois, comme dans les marianas (chants primitifs flamencos présents dans l’oeuvre). Accompagnée sur scène par ses musiciens, la performeuse devient, comme en plein rite, la chèvre qui suit le gitan errant, la mule du paysan, l’ânesse de l’azacán (porteur d’eau). Dans une chorégraphie « aux aspects intuitifs, instinctifs et dionysiaques », elle tisse avec douleur ce rapport ambigu, ambivalent, sur le fil, des hommes avec le corps des animaux femelles – et par extension, avec celui de la femme. « C’est à cela que j’aspire avec ma danse : sublimer la défaite », nous dit-elle. Un spectacle hors normes où se révèlent tout le talent et la sensibilité d’une artiste visionnaire, récompensé par le prix Godot 2023.

Tarif: C

COPRODUCTION

Luz Arcas a fondé la compagnie La Phármaco en 2009. Elle est diplômée en chorégraphie du Conservatoire María de Ávila à Madrid et en mise en scène de l'École Royale des Arts de la Scène d'Espagne. Parmi ses dernières créations, « Mariana » se distingue. Luz Arcas a reçu le IIe Prix Godot 2023 de la meilleure œuvre de danse pour Mariana.
En 2023, Luz Arcas crée et dirige la chorégraphie de l'opéra « Rigoletto », mis en scène par Miguel del Arco et créé en décembre au Teatro Real de Madrid. La Phármaco a également créé deux pièces de théâtre : « Todas las santas », co-créée avec Egly Larreynaga et Alicia Chong du groupe La Cachada du Salvador, et « Psicosis 4.48 », une adaptation de l'œuvre de Sarah Kane coproduite par le Teatro Español de Madrid, créée là-bas en juin 2023.
La compagnie explore des espaces non théâtraux tels que « Y qué más da, todo es gracia » (Musée Picasso de Malaga, exposition Picasso-Calder, 2019), « Habitación con mi alma fuera » (Musée Picasso de Malaga, exposition Bruce Nauman, 2019), « La errancia » (Centre de Culture Contemporaine Conde Duque, Garden State, 2018), « Chacona » (Centre Pompidou de Malaga, 2015) ou « Embodying what was hidden » (Centre King Juan Carlos à New York, 2015).

La presse en parle

Dans son dernier spectacle, Mariana, la chorégraphe andalouse fait ressortir l’animal indomptable qui sommeille en elle.

Production : Luz Arcas / La Phármaco

Direction de production : Alex Foulkes

Production exécutive : Fernando Jariego

Avec le soutien du Instituto Nacional de Artes Escénicas y de la Música. Co-production : Bienal de Flamenco de Seville, Teatros del Canal de Madrid, MA scène nationale – Pays de Montbéliard


© Virginia Rota