© Clément Puig


LOÏC FAURE REVIENT EN PÈRE


LOÏC FAURE | EN RÉSIDENCE À MA DU 20 AU 27 NOVEMBRE, INTERVIEW


Bonjour Loïc, tu es l’un des artistes complices de MA. Tu es actuellement en résidence pour ta prochaine création qui s’appelle Père. Peux tu nous en dire plus sur ce spectacle ?

Père est né de mon expérience de jeune papa (rires). À force de manipuler biberons, poussettes, couches, de me réveiller en pleine nuit et de recommencer jour après jour, je me suis demandé : Pourquoi ne pas créer un spectacle sur cette expérience si intense et unique? C’est plus facile de le faire aujourd’hui car mes deux fils font maintenant leurs nuits (rires).


Après ta dernière création Clos où vous étiez 5 au plateau tu as souhaité revenir à une forme solo.

Oui, peut être est-ce lié à un besoin d’introspection, je ne sais pas, j’en parlerai à mon psy (rires). Ce qui est certain est que j’écris, mets en scène et joue seul ce Père. C’est un beau défi qui m’inspire beaucoup et m’oblige à tout préparer avec une très grande minutie. Le spectacle va être la fois théâtre physique et cirque. Il sera fait de manipulation de poussette en main à main [technique de prise de cirque], de jongleries avec des couches, de cocktails avec des biberons, de jeux avec un lit parapluie. C’est fou ce que l’on peut faire avec ce type de lit. Et puis il y aura aussi en sous-texte ce questionnement par lequel je suis passé sur ce que signifie devenir parent. Je m’intéresse, par exemple, au concept de patrescence apparu dans les années 70. C’est la contraction entre adolescence et parent pour parler du passage à la parentalité. Je vais également m’inspirer beaucoup des transformations que produit ce changement radical de vie chez les parents tant émotionnels, hormonaux que physiques.


Heureux de revenir à montbéliard ?

Ça fait maintenant plusieurs années que je collabore avec MA scène nationale. Montbéliard est comme ma seconde maison. J’y ai créé toutes mes pièces et j’ai eu la chance de pouvoir venir en résidence de très nombreuses fois depuis 2013. J’y ai de très bons souvenirs que ce soit à l’Arche, que nous avions transformée en une piste de cirque avec des artistes belges [Follement Belge en 2016 NDLR], ou à Hérimoncourt avec les enseignants et les jeunes où nous avions mis le collège en piste. Oui, j’ai vraiment eu de très bonnes expériences avec l’équipe et rencontres avec les montbéliardais. Je suis heureux que Yannick Marzin m’ait de nouveau invité dans la Cité des Princes en cette période même si l’odeur de carpes frites à l’entrée de Sponeck va me manquer cette année (rires).


En tant qu’artiste comment as-tu vécu les deux confinements ?

Six mois sans jouer devant un public a été très difficile lorsque l’on a l’habitude d’être par monts et par vaux et de vivre sans limite son métier. L’avantage a été de pouvoir passer plus de temps avec mes deux chérubins. En septembre, la reprise a été très émouvante [Loïc a tourné avec Jetlag, accueilli à MA en 2017]. Nous avons retrouvé le rythme effréné des tournées, le trac de la scène et la rencontre avec des spectateurs dont on devinait les sourires même sous les masques. Je suis admiratif de tous ceux et toutes celles qui ont fait l’effort de venir au théâtre et de permettre aux artistes de poursuivre. J’en profite pour leur dire merci car je sais qu’à MA vous avez eu un beau début de saison également. La lutte contre la propagation du virus nous a contraint à tout arrêter et c’est important d’appliquer toutes les mesures nécessaires pour sortir de cette pandémie au plus vite. Heureusement les studios de répétitions sont restés ouverts et l’activité de création reste autorisée. Ça m’a permis de démarrer ma prochaine création. Si je suis artiste et circassien, en plus, c‘est parce que j’ai besoin de bouger et de cette rencontre magique avec les publics, alors aujourd’hui j’attends impatiemment la reprise.


ACT NORMAL qui est l’accroche de notre image de saison ça t’évoque quoi ?

J’adore cette nouvelle image et cet ACT NORMAL ! Pendant le confinement, la notion de normalité a été très éprouvée. Dans le clown, on utilise le normal pour pouvoir faire l’anormal, on a toujours besoin d’une personne qui fait une chose parfaitement et une qui se rate. On donne un code de normalité pour que l’anormal devienne plus drôle et provoque le rire. Je vote donc pour !


Quand verrons-nous Père ?

Je suis au début de la création, on teste et on écrit de nouvelles scènes pour peaufiner la ligne du spectacle. Les premières sont prévues du 05 au 08 novembre 2021, au théâtre Marni à Bruxelles. La date à MA n’a pas encore été fixée.


Fin de l’entretien, le 20 novembre 2020. Clémence Cattin pour MA