Manual Focus, créé en 2003, est le tout premier spectacle de Mette Ingvartsen, remarquable chorégraphe et danseuse danoise, alors étudiante de P.A.R.T.S à Bruxelles. Son titre désigne la mise au point manuelle des images et la pièce joue sur le brouillage des apparences physiques et le floutage de notre perception, en convoquant des créatures équivoques composées d’un corps au genre hypothétique surmonté d’un visage de vieillard. Ces bêtes curieuses aux déplacements bizarres, qui rampent, glissent ou galopent, n’ont rien perdu, vingt ans après, de leur inquiétante étrangeté doublée d’humour.
Créé sensiblement à la même époque, O Samba do crioulo doido (La Samba du nègre fou) de Luiz de Abreu, solo aujourd’hui repris par Calixto Neto, est un morceau d’anthologie, un traité sur la question raciale et coloniale qui est devenu une sorte de vestige d’un Brésil démocratique des années Lula. Son corps noir et nu qui chaloupe au rythme de la samba sur fond de drapeau national heurte volontairement les stéréotypes des représentations du corps noir pour mieux s’en moquer. La chanson du début : « la viande noire est la moins chère du marché » donne le ton de ce spectacle, profondément subversif, abrupt et superbe, qui prend encore plus de force dans le Brésil de Bolsonaro.
Mette Ingvartsen est une chorégraphe et danseuse danoise. À partir de 1999, elle a étudié à Amsterdam et à Bruxelles où elle est diplômée en 2004 de l'école des arts du spectacle P.A.R.T.S. Sa première performance Manual Focus (2003) a été réalisée alors qu'elle était encore étudiante. Ses premières pièces comprennent entre autres 50/50 (2004), to come (2005), It's in The Air (2008) et GIANT CITY (2009) - performances questionnant l'affect, la perception et la sensation en relation avec la représentation corporelle. Son travail se caractérise par l'hybridité et s'engage à étendre les pratiques chorégraphiques en combinant la danse et le mouvement avec d'autres domaines tels que l'art visuel, la technologie, le langage et la théorie.
Né à Minas Gerais, Luiz Augusto Barbose (dit Luiz de Abreu) découvre la danse dans les années 1960 à travers les rituels de la religion afro-brésilienne umbanda. Le chorégraphe-interprète est diplômé de l’école de danse contemporaine Angel Vianna de Rio de Janeiro, et titulaire d’une maîtrise de l’université d’Uberlândia de Minas Gerais. Essentiellement tourné vers l’exploration des stéréotypes liés au corps noir, son travail a été montré en France, en Allemagne, au Portugal, en Croatie, à Cuba, en Espagne et au Brésil, où il vit et travaille. Sa pièce O Samba do Crioulo Doido fait partie de la collection de vidéodanse du Centre Pompidou.
RIQUE
MANUAL FOCUS
Conception : Mette Ingvartsen
Avec : Manon Santkin, Kajsa Sandström et Kaya Kołodziejczyk
© Eike Walkenhorst
O SAMBA DO CRIOULO DOIDO
Conception, direction, chorégraphie, scénographie, costumes, production : Luiz de Abreu
Interprète : Calixto Neto
Collaboration artistique : Jackeline Elesbão, Pedro Ivo Santos, Fabrícia Martins
Création lumière : Luiz de Abreu, Alessandra Domingues
Régisseur général : Emmanuel Gary
Bande son : Luiz de Abreu,Teo Ponciano
Assistant de production : Michael Summers
© Gil Grossi
MANUAL FOCUS
Tout se joue dans la perspective du regard, les corps disparaissent pour devenir des créatures étranges dont la chorégraphie minutieuse et contrôlée parait incroyablement spontanée. À nous de l’interpréter, certains y verrons poésie, d’autres monstruosité.
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O SAMBA DO CRIOULO DOIDO
Un solo qui a marqué l’histoire de la danse contemporaine brésilienne.
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