Sud-africaine, Dada Masilo est une très forte figure de la danse d’aujourd’hui : électrique et écorchée, formidablement combattante et généreuse. Bravant les interdits, elle affronte les thèmes du viol, des violences domestiques, de l’homophobie, qui rongent sa société. Sa gestuelle est déliée, expressive et contrastée. Ses pièces racontent vraiment quelque chose.
Pour de grands groupes – ici quinze danseuses et danseurs accompagnés par trois musiciens – elle a forgé un style unique, en détournant les codes de la grande danse occidentale auxquels elle fut formée, pour les hybrider d’apports africains contemporains. Sa Giselle, son Lac des cygnes, sont restés fameux. Et la voici qui se tourne vers Le Sacre du printemps, bombe fondatrice du vingtième siècle chorégraphique.
Nijinsky (chorégraphe), Stravinsky (compositeur) étaient convaincus de s’inspirer d’anciens rituels de la vieille Russie. Dada Masilo y prend appui, pour fouiller les danses extraordinaires de son Botswana. Des gestuelles incroyablement incisives, fulgurantes, émanent d’un éblouissant travail des rythmes au sol. Quant à l’argument du Sacre, c’est celui d’une jeune fille destinée à la mort pour libérer les puissances de la nature. Nul doute que cette histoire de sacrifice féminin soit à interroger…