Cette fois, avec SIMPLE, elle étudie la nature même de la danse en s’en moquant avec délicatesse. Avec une impertinence de bon aloi, elle use du pastiche et de l’absurde pour inventer une pièce volontairement autodérisoire, à la limite du dadaïsme et du non-sens, « pour toucher à quelque chose de l’enfance ». Mais SIMPLE qui se veut, selon la chorégraphe, « d’une naïveté absolue », est surtout un spectacle réjouissant, d’une rare authenticité.

Trois hommes en justaucorps académiques bariolés, avec, pour seul décor, une toile tout aussi colorée, s’essaient à des morceaux d’anthologie de la danse contemporaine comme classique, voire jazzy. La musique est assurée par les sons qu’ils produisent. Défiant la peur du ridicule avec courage, espièglerie et un humour imprévisible, ils vont de plus en plus loin dans une gestuelle décalée, débridée, dont l’apparence grotesque n’a d’égale que la virtuosité des trois danseurs qui ne dédaignent pas la prouesse.

Habituée des plateaux de MA, la chorégraphe argentine installée à Bruxelles, est ici au sommet de son art et atteint à l’essentiel avec allégresse dans un spectacle fascinant.

Tarif: C

Photo : © François Declercq

Le plaisir, sinon l’obsession, de travailler le contraste, d’aller où elle n’est pas encore allée ou, plus exactement, de ne pas faire ce qu’elle sait faire – avec la tentation aussi, de ne pas faire ce que l’on attend qu’elle fasse.

Beaucoup de contraires, de contradictions... Pas un esprit de contradiction, mais le goût d’écrire à partir de contradictions. Un goût pour les extrêmes aussi, pour jouer avec les extrémités. Une insatisfaction également, qui la pousse à poursuivre.

Nature et culture ont toujours été, dans ses tréfonds, une question moteur. Un questionnement qui vient probablement de sa propre «nature», de sa propre histoire familiale: une grand-mère métisse amérindienne, une origine amérindienne «cachée», «mutine», avec laquelle elle cherche sans doute à se relier, précisément parce que cette origine était tue. Un silence qui a attisé sa curiosité, son attachement, sa volonté de s’y rapprocher. Mettre au premier plan, Ayelen, son second prénom – d’origine mapuche – vient de là.

Dès le départ, la question de l’identité, du pluriel disparate de l’identité, de ne pas lisser cette pluralité disparate, a ainsi été au centre de sa démarche. Son premier solo, 25.06.76 (2003), «collage» de ses expériences chorégraphiques passées, en est la preuve ; un premier pas.

Chorégraphe : Ayelen Parolin

Interprètes : Baptiste Cazaux, Piet Defrancq et Daan Jaartsveld

Création lumière : Laurence Halloy

Assistante chorégraphique : Julie Bougard

Scénographie et costumes : Marie Szersnovicz

Regard extérieur : Julie Bougard, Alessandro Bernardeschi

Dramaturgie : Olivier Hespel

Du début à la fin, le plaisir, le rire, la joie vont crescendo à la vision de cet improbable trio tentant d’apprivoiser l’espace comme le ferait un enfant ébauchant ses premiers pas. 

LeSoir.be