Un homme parle, réduit à l’immobilité après un attentat dont il a été victime dans un café. Il se souvient de l’explosion, puis tout s’est volatilisé, dispersé. Le voilà devant une fenêtre à Ostende, Belgique, livré à ses réflexions et à l’observation minutieuse du spectacle du ciel et de la mer qu’il aperçoit depuis sa fenêtre.
Un homme parle, réduit à l’immobilité après un attentat dont il a été victime dans un café. Il se souvient de l’explosion, puis tout s’est volatilisé, dispersé. Le voilà devant une fenêtre à Ostende, Belgique, livré à ses réflexions et à l’observation minutieuse du spectacle du ciel et de la mer qu’il aperçoit depuis sa fenêtre.
Un paysage voué à disparaître peu à peu, derrière un grand mur en train d’être édifié. À mesure que la vue s’obstrue, contemplations et souvenirs s’obscurcissent à leur tour. La déflagration semble revenir. Le choc avait été si violent, si total… Et si plutôt que de voir toute sa vie défiler, juste avant de mourir, les images se fixaient là où vagabondait l’esprit à ce moment précis ?
Seul sur scène, un narrateur partage ce flux de pensées, de sensations pour sonder cet « instant décisif » où le réel balaie le monde intérieur à la vitesse de la lumière. Et il fallait bien toute la poésie scénographique d’Aurélien Bory – formidable jongleur d’illusions et créateur d’espaces imaginaires –, alliée à la verve de Denis Podalydès, sociétaire de la Comédie-Française, pour donner à voir et à entendre l’acuité tranquille du texte de Jean-Philippe Toussaint. Un texte qui traverse le souffle de l’explosion avec élégance et raffinement. Presque avec humour.
Spectacle conseillé à partir de 14 ans
Photos : © Aglaé Bory
Après des études de physique à l’Université de Strasbourg, Aurélien Bory travaille dans le domaine de l’acoustique architecturale et se consacre ensuite aux arts de la scène. Depuis l’an 2000, il dirige la compagnie 111 implantée à Toulouse et constituée de nombreux collaborateurs. Il développe un théâtre physique – de l’espace et du corps – et crée des pièces protéïformes à la frontière de différentes matières - cirque, danse, musique et arts visuels. De La trilogie sur l’espace, projet fondateur marqué par la collaboration avec le new-yorkais Phil Soltanoff, à aSH (2018) créé pour la danseuse Shantala Shivaligappa en passant par Espæce (2016) créée pour la 70e édition du Festival d’Avignon, La Compagnie 111 porte aujourd’hui un répertoire de quatorze spectacles, présenté dans les grands festivals et les plus prestigieuses scènes internationales. En septembre 2019 il créé Je me souviens Le Ciel est loin la terre aussi en collaboration avec Mladen Materic.
À la fois acteur de cinéma et de théâtre, Denis Podalydès impose son image malicieuse dans des rôles souvent fantaisistes. Étudiant en lettres, le jeune homme s'inscrit au cours Florent parallèlement à son cursus universitaire avant de réussir le concours d'entrée au Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique de Paris. En 1997, son professeur de théâtre Jean-Pierre Miquel, devenu entre-temps directeur de la Comédie Française, le fait jouer sur les planches de la salle Richelieu. Quelques années plus tard, le comédien prometteur obtient une place de Sociétaire au Français et remporte le Molière de la Révélation théâtrale pour son interprétation dans Revizor de Gogol.
RIQUE
Texte : Jean-Philippe Toussaint
Scénographie, mise en scène : Aurélien Bory
Jeu : Denis Podalydès, sociétaire de la Comédie Française
Lumières : Arno Veyrat
Musique : Joan Cambon
Co-scénographie : Pierre Dequivre
Costumes : Manuela Agnesini
Collaborateur artistique et technique : Stéphane Chipeaux-Dardé