Sonia Cabrita, autrice radiophonique, explore les frontières réelles, imaginaires géographiques et sociales qui nous entourent et nous habitent. Tout au long de l’année, les élèves du collège expérimenteront à travers le son des façons de traverser le territoire qui transcendent les limites et arpentent les lisières.

«  Je suis née en banlieue parisienne le 5 aout 1976. C’est la sécheresse. Les vaches mangent la terre. Des paysans se suicident. Ma mère a 18 ans, elle m’allaite et tire son lait nourrissant ainsi plusieurs prématurés. Le médecin arrive, suivi par sept jeunes internes. Sans un mot, sans un regard pour elle, il soulève sa blouse et leur présente « les mamelles de la France ».

J’ai été serveuse en patins à roulette, étudiante en Histoire à Jussieu, sélectionneuse de blé expérimental en plein air, vagabonde sur les traces de Jean Rouch au Moçambique, réalisatrice de films documentaires plus ou moins ratés, preneuse de son sur les pentes de l’Etna un jour d’éruption, détentrice du permis de chasser. Aujourd’hui, je pratique le tir à l’arc japonais à cheval.

Je réalise des documentaires sonores, j’anime des ateliers de création radiophonique, notamment de fiction collective, je fomente des émissions avec des radios associatives et je programme des séances d’écoute avec un gout prononcé pour le plein air, la rue, les rives d’un lac, les sous-bois et les dispositifs d’écoute à la croisée du salon d’écoute et de la fête foraine.

Je m’intéresse aux petits faits vrais et troublants, aux formes de narration cultivant le trouble entre documentaire et fiction et je cherche à matérialiser en sons ce qui nous relie dans le non verbal. Annie Ernaux disait « hier » à la radio que l’âge idéal se situait pour elle entre 45 et 60. Justement, j’ai 46 ans et je commence à me sentir à ma place. A faire du cinéma pour les oreilles, à jouer avec les sons, les mots, à oser enfin raconter des histoires de sang et de fer à repasser, d’amour et de fusil de chasse. »

PROJET RADIO

Durant la saison 23/24, Sonia Cabrita travaillera avec :

  • des élèves de 4e du collège Pierre et Marie Curie à Héricourt